Je ne sais pas si l’on doit cela à un phénomène de mode ou à une recrudescence ponctuelle, mais j’ai noté avec stupeur que les cons sont très représentés en ce moment autant dans la vie que sur la sphère du web.
Blogs, forums et conversations autour d'un verre, non seulement on les voit, mais qu’est-ce qu’on en parle ! Il n'y en a que pour eux...
Sans doute les deux facteurs sont étroitement liés mais cela est surement dû au fait que parler des non-cons, c’est quand même beaucoup moins marrant.
Je me devais donc, pour être dans le ton, de m’affubler, moi aussi, de mon bulletin sur les cons.
Mais avant de chroniquer sur ce sujet hautement passionnant, je dois préciser que j’accepte, puisque la vie est ainsi faite, d’être également considérée comme tel par quelque quidam éberlué qui pourrait éventuellement passer par là.
Il va sans dire que ce sera forcement un con.
Pour éviter de partir dans des considérations mouvantes sur ce sujet si vaste, il peut être utile de tenter une classification de cette engeance, afin d’y voir un peu plus clair.
Je demanderais donc à mes lecteurs la plus grande concentration car la synthèse ne va pas être facile.
On se retrouve souvent face à deux catégories bien distinctes :
les cons faibles et les cons dominants.
A savoir que les plus imbuvables ne sont pas forcement ceux que l’on croit.
Parmi les cons faibles, on trouve d’abord le con idiot. Celui-ci peut parfois être d’agréable compagnie, et il lui arrive même d’avoir du cœur. Dans ce cas, il est tout à fait possible de l’isoler de la troupe des cons.
Il arrive par contre que le con idiot n’ait absolument aucune empathie, et là il devient d’une efficacité redoutable. C’est une division très dangereuse car même le bon sens ne l’arrête pas.
On a ensuite le con victime, qui se retrouve, il faut bien le lui accorder, à un niveau supérieur de maîtrise des relations humaines. Celui-ci se sert de sa faiblesse pour arriver à ses fins, quitte à s’en inventer dans le cas où il n’accumule pas assez de tare (il lui suffirait pourtant d’étaler sa connerie pour aussitôt obtenir le plus d’apitoiement possible de la part des interlocuteurs charitable). Ce con est facilement identifiable, et par conséquent ne représente pas un grand péril, sauf pour qui aurait tendance à ne pas maîtriser ses propres culpabilités. Par contre il peut être particulièrement pesant et difficile à supporter. A éviter, donc…
On peut aborder alors le cas du brave con, aussi appelé le con-pâtissant. Souvent étroitement lié au con victime, il défini l’intérêt de sa personne à l’intérêt qu’il porte aux autres. D’ailleurs, plus ceux-ci se vautrent dans le misérabilisme, plus cela lui permet de développer ses aptitudes, ce qui le met particulièrement à l’aise. Il est facilement assimilé à une personne qui a du cœur, mais il ne faut pas oublier que c’est surtout pour lui-même que le con-pâtissant a beaucoup de cœur.
Dans une autre configuration, on se rend compte qu’il est beaucoup plus aisé de se retrouver face à un con dominant (à moins que l’on fasse partie de la classe des cons faibles, cela va de soi).
Ils sont beaucoup plus facilement identifiables, ce qui le rend beaucoup plus gérable.
On discerne tout d’abord le con taré. On le reconnait souvent à la vivacité de ses propos, et à sa capacité d’éructer les théories où se mélangent agressivité et insultes. Attention, ce con est d’autant plus virulent qu’il est frustré et complexé. S’il n’est pas possible d’éviter sa présence, il faut donc veiller à le flatter de temps en temps afin de s’assurer un minimum de tranquillité.
A l’opposé, le con mielleux se targue d'oeuvrer dans la manipulation, de façon beaucoup plus sournoise. Lorsque ce con-là est doté de capacités cérébrales dignes de ce nom, il faut tout de même s’en méfier.
Entre ces deux types de cons dominants, on trouvera toute une brochette de comportements plus ou moins arrogants, conquérants ou manipulateurs, à différents degrés. Le tout est de voir ensuite quels sont leurs arguments et leurs techniques. C’est une phase de l’étude des cons un peu fastidieuse, mais qui s’avère très utile pour la suite.
Une fois le diagnostic fait, le choix de la stratégie coule souvent de source. Cela peut aller d’un mimétisme de circonstance permettant de l’affronter sur son propre terrain, jusqu’à une stratégie complètement opposée qui peut avoir l’avantage de le déstabiliser.
J’attirerais l’attention du lecteur sur le cas du con faible qui se croit dominant. La grande difficulté face à cette catégorie est réside dans l’identification, car il peut parfois être un cas un peu trompeur.
Une fois sa condition étant déterminée, il n’est, par contre, plus vraiment menaçant.
Le cas du con dominant qui se croit faible relèverait, par contre, d'une autre analyse. En effet, il n'y a pas toujours grand chose à faire pour lui éviter d'être en définitive victime de lui-même si tant est que l'on aurait envie de se pencher sur son cas avec altruisme.
Vous noterez cependant que le facteur de l’âge n’intervient pas dans cette classification. On a souvent tendance à s’arrêter à tort au concept de « jeune con » ou de « vieux con ».
C’est une grave erreur car toutes les segmentations énoncées plus haut sont accessibles à tous les âges. Il ne faut donc pas désespérer.
Tout au plus, il arrive que parfois l’âge joue un rôle aggravant dans certain cas, mais cela peut aussi être le contraire, aussi il est important de ne pas se fier à ce seul facteur.
Je n’ai volontairement pas rangé certains spécimens particuliers, comme le con-vivial, le con-sommateur, le con-tribuable ou le con-curent. Mais je laisse le lecteur s’entrainer à classifier toutes ces sous-sections car ceci peut être un bon exercice.
Comme on peut le constater, le sujet est assez ardu pour s’accorder le temps d’un peu de travaux pratiques.
On dit merci à la dame.
Pour illustrer cet article, j’ai longtemps cherché quelle photo je pourrais mettre. J’ai demandé à quelques personnes s’ils voulaient poser, mais curieusement, ma requête n’a eu aucun succès.
Pfff, c’est des cons…