Dans la série « J’ai trainé mes sabots en Lorraine », nous sommes toujours à quelques kilomètres de la frontière belge… Nous voilà devant la ville fortifiée de Montmédy, celle-là même qui a fait de l'ombre au village de Marville dont je parlais précédemment. Au pied de la citadelle,  la vieille ville et ses vieilles pierres :

…ainsi que ses vieilles ruines : là-dessous, les restes du "Refuge des moines d'Orval", en piteux état dont la rénovation alimente une polémique locale bien animée. Il semblerait que le trésor de Louis XVI puisse également être quelque part par ici, mais même en ayant bien cherché, point de trésor à ramener de mon périple… dommage !

Le bâtiment a ensuite été transformé en prison. La ville abrite maintenant de vraies geôles bien plus solides, que je n'avais nulle envie de visiter...

Le bas de la citadelle regorge de vieux bâtiments où il est interdit d’entrer, dont d’anciennes poudrières et dépôts de munitions :

...Des corridors sombres qui se succèdent, des cadavres d’animaux crevés qui jonchent le sol… bien sur, je n’ai pas pu résister à l’envie d’y faire un tour, l’endroit est tellement engageant…

Et en plus, j'ai marché dessus...

Rien à voir avec les comics, Marville est un village située dans la Meuse en Lorraine, à 10 km au sud de la frontière belge.

Entre le XIIIème et le XVIIème siècle, Marville fut la capitale des terres communes. Il s’agissait autrefois de la seconde ville la plus peuplée du Luxembourg, avec 2000 âmes qui échangeaient, marchandaient et entassaient les richesses au fond de leurs caves voûtées.

Pourquoi spécialement dans cette bourgade ? Tout simplement du fait que Marville appartenait aussi bien au duché de Bar qu’’à celui du Luxembourg, ce qui lui permettait de jouir d’une parfaite neutralité, très appréciée par les nobles, les marchands fortunés et les communautés religieuses. C’était un peu notre « Genève » actuelle… 

C’est au moment où la cité était au sommet de sa prospérité que  Louis XIV décida, en 1672, de construire la forteresse de Montmédy quelques kilomètres plus loin, ce qui s’accompagna du démantèlement de la fortification de Marville, afin de ne pas risquer de laisser trop d’infrastructures aux mains des ennemis potentiels. C’est donc la politique centralisatrice de Louis XIV et sa stratégie militaire qui provoquèrent le déclin de Marville.

La cité garda cependant son statut de bourgade de province jusqu'en 1914. Mais étant située juste à l'arrière des lignes allemandes, la ville dut faire face, de plus, à de sérieux dégâts lors de bombardements.

Aujourd'hui, les bâtiments anciens en pierre jaune et les ruines de l'abbaye Bénédictine témoignent encore de l’époque faste et de cette histoire cahotique.

La surface de l’ancienne cité n’étant plus à la mesure des 560 habitants actuels, il se dégage au détour des larges rues une ambiance un peu décalée et mystérieuse, une sorte d’émotion fantomatique, certainement encore les spectres des bourgeois de la renaissance…  La légende dit que le trésor de Louis XVI est peut-être encore enfoui dans une crypte du village.

Depuis une dizaine d'années, la rénovation par des passionnés français, belges ou luxembourgeois s'active pour redonner vie à ce village, qui vaut largement le détour.