Nous terminerons cette visite avec une promenade dans les jardins qui foisonnent d’une végétation florissante et luxuriante. Il y a parfois des mauvaises herbes qui poussent, mais dont les fleurs sont si jolies et si chatoyantes que personne n’a le courage de les arracher.
On y cultive des simples et des essentiels.
Fi des pensées confuses et parasites. Car l’humble pensée claire, fidèle et naturelle n’est ni stupide ni piètre et encore moins quelconque. Elle aboutit au contraire à la complexité et la distinction dans une meilleure compréhension, en ayant permis de désencombrer chacune des étapes de la réflexion, pour aboutir à un résultat enrichi de profondeur et parfois même de vérité.
Et la jardinière, bien que parfois ingénue, est loin d’être courgette.
Du haut de son jardin, elle regarde parfois avec curiosité l'agitation des précieux qui ne jurent que par les fioritures alambiquées et complexes et qui éloignent tellement de l'absolu et de la réalité. Elle sait que les surfaits apparats qui habillent mots et attitudes peuvent contribuer à ravir à toute pensée et toute lucidité.
Elle a semé quelques plants d'intuition, les a savamment cultivés pendant de longues années. Ils servent à la fabrication de goûteuses décoctions, très utiles pour abreuver les esprits parfois engourdis.
Car rien n'est plus bénéfique à un jardin que de déceler le besoin sans tergiverser, d'établir une résolution face aux difficultés, et de l'appliquer sans papillonner dans des considérations périphériques qui ne peuvent que désagréger l'énergie.
Et même s'il arrive parfois que l'étude semble se heurter à un mur, il n'existe pas de situation qui ne puisse être améliorée par un début de solution, qui forcément se dissimule quelque part, dans les méandres des ruelles, sous un chêne centenaire ou derrière un mur de pierres dorées.
Mais il est tard, visiteur, et il est temps de relever le pont-levis afin que la cité puisse se soustraire aux regards trop curieux.
De plus, il serait dommage de dévoiler tous les secrets de ces intrigants recoins de la cité, afin de laisser toujours quelque mystère à élucider au promeneur curieux et attentif.
Bonne route, voyageur, et que tes pas te ramènent jusqu'ici lorsque le vent te chantera la chanson de la cité…