Laissez-moi vous conter une petite histoire qui a été écrite il y a mille et un ans.

Elle est un peu démodée et parle d’un temps révolu, mais elle fait maintenant partie de l'histoire. C'était une étape sur un chemin, et c'est une bonne chose parfois que de dresser un pont entre des étapes éloignées, pour ne pas les oublier…

        Car c’est le lot de toutes les aventures que l’on écrit de rentrer un jour dans la légende…

La cité de la Dame

        Devant vous se dresse la cité de la dame, avec sa fière citadelle et son donjon, ses quartiers paisibles ou animés, ses édifices gracieux ou tortueux, ses jardins exubérants, ses alcôves secrètes…

        Visiteur, si tu as été invité par la dame en personne, c’est que d’ores et déjà ta place est réservée au cœur de la cité.

Entre, l’ami, et viens flâner dans les ruelles ombragées. Prend le temps de goûter à une promenade hors des perfections et des absolus.

        Et si c’est le hasard qui t’a conduit ici, tu es également le bienvenu. Pose donc tes bagages, voyageur, ceux qui pèsent tant sur ton dos. Sans aucun doute, tu profiteras beaucoup mieux à cette balade imprévue et singulière.

 
       La souveraine des lieux porte parfois poulaine et chapeau pointu, parfois manteau noir et chaperon afin de se protéger des regards impudents.

Son hospitalité est sans mesure pour l’hôte au cœur fidèle. Et au fil du temps qui passe, qu’il soit architecte ou assassin, toujours elle garde une place pour celui qui s’y ajuste. Et dans c’est dans cet abri douillet qu’elle a appris à ne rien laisser au hasard, à déceler la fausse note d’une symphonie, à entendre le silence et à vibrer au son de tous les tintements cristallins des cœurs qui l’entourent.

        Au cœur de la cité se dresse la citadelle, comme nous en avons dans chacune de nos villes, parfois fragiles et parfois imposantes. Certaines enrobent le cœur de la cité d’un halo doux et impalpable, mais néanmoins présent, et d’autres sont de véritables forteresses aux angles saillants.

        Au cœur de la citadelle se dresse le donjon.  

Conçu à l’origine comme tous les donjons, avec porte cloutée et meurtrières, la dame de la cité, a un jour décidé d’agrandir toutes ces ouvertures afin de laisser rentrer le soleil. Les meurtrières ont été élargies et laissée ouvertes pour accueillir les feuilles mortes portées par les courants d’air du temps, et les oiseaux virevoltants.

 
Dans les villes antiques, la solidité de ces murailles dépend beaucoup de la fragilité du donjon. Les villes aux donjons de cristal doivent parfois concevoir des citadelles imprenables, pour ne pas être malmenées.

Le donjon de la cité de la dame est solide et bien droit.

        Ainsi, les murailles de la citadelle, bien que résistantes, sont  pleines de failles. Le visiteur un peu attentif les repérera facilement. Elles ne sont en rien camouflées.

        Ces failles sont offertes à la bienveillance du visiteur, qui certainement saura y glisser un œil furtif, et peut être les protègera.

        Cependant, le visiteur malveillant qui s’en servira pour s’introduire là où il n’est pas convié, se retrouvera bien vite face à la garnison diligente, et en sera pour ses frais, relégué dans les bas quartiers qui se trouvent à l‘extérieur de la citadelle.