Le temps est souvent beau, au dessus de la citadelle, mais parfois un nuage passe, un mur s’écroule, un corbeau croasse, un spectre se faufile entre les murs…

oui, les cités ne sont jamais parfaitement sereines.

    Si le pont-levis se baisse pour accueillir l’invité de marque, celui-ci peut alors découvrir un quartier gai et animé, peuplé d’enfants joyeux et de vieux sages assis à l’ombre des arbres. Il y trouvera des artisans qui fabriquent, des aubergistes qui restaurent, des docteurs qui soignent.

    L’ami sera toujours bien reçu, et il ne se sentira jamais seul. Et un jour viendra peut être où il aura envie de découvrir le donjon, fièrement dressé vers le ciel, en plein cœur de la citadelle.

    Car, par décision de la dame, portes et fenêtre du donjon ont été décrochées et emmenées.

Mais ceci n’a pas été fait à la légère.

    Cette initiative a été longuement méditée, car les menaces sont réelles, et viennent souvent des autres cités, parfois jalouses de la douceur de vivre de la cité, parfois convoitant le trésor qui est caché dans le donjon.

    Les agressions peuvent être nombreuses, successives, ou plus sournoises, imperceptibles, presque irréelles mais si destructrices.

    De plus,  lorsque l’orage éclate au dessus de la citadelle, il arrive que l’eau rentre par les ouvertures, abîmant les tentures et les parquets. Mais les habitants de la citadelle savent s’affairer à remettre en état le donjon endeuillé, même si parfois la tâche est longue et les marques restent, indélébiles.

Et contre ceci, on ne peut rien.

    C’est pour protéger son donjon, le cœur de la cité, que la dame des lieux a pris le temps de former une garnison défensive et a attendu patiemment que sa formation soit apte à parer toutes les attaques avant d’ouvrir le donjon.

Il a fallu beaucoup de persévérance et de constance, car la tâche était lourde.

    Mais le centre de formation était appliqué et attentif, et a observé opiniâtrement les autres cités, afin de mieux les connaître et d’identifier les dangers. Pendant de nombreuses années, les informateurs ont sillonnés le monde pour rapporter des indices et des données.

    Petit à petit, l'entraînement, pourtant toujours effectué en situation, s’est avéré de plus en plus maîtrisé.

Jusqu’au jour où il a été possible d’affronter sereinement l’hostilité pernicieuse ou malfaisante.

Les informateurs sont encore et toujours en campagne, parés à l’alerte.

    Tout comme la garnison est toujours fidèle au poste, prêt à raccompagner de l’autre coté de la citadelle quiconque aura été invité par erreur.

Car la dame fait aussi des erreurs.